La danse Kecak et ses origines oubliées
La danse de kecak aussi appelée danse du singe ou danse du feu à cause de l'utilisation occasionnelle du feu comme centre pièce. Cette danse fut créée en 1930 et est maintenant reconnue internationalement comme étant l'une des 3 danses signatures de Bali avec la danse de legong et de barong. La danse kecak est unique car elle n'a pas de fond musical ou d'accompagnement mis à part le chant des danseurs " keh-chak". Imaginez donc la beauté d'une telle danse qui est bien plus qu'un show pour les Balinais.
LES VRAIES ORIGINES DU KECAK
Personne ne sait exactement d'où vient cette danse mais beaucoup ont tendance à se mettre d'accord qu'elle viendrait du village de Bona à Gianyar et qu'au départ kecak était un son musical qui est par la suite devenu une mélodie pour la danse sacrée de Shayang exécutée lors de cérémonies pour faire partir la peste.
Mais laissez nous vous raconter la vraie origine du kecak bien plus tragique qu'on ne pourrait le penser et qu'on tient d'un danseur et sculpteur à renommée mondiale : Made Sija
Le Kecak tient ses racines du village de Bona. En 1930 les gens y étaient malades : ils vomissaient et avaient la diarrhée, les choses ont empiré quand ils se sont mis à vomir du sang et à avoir la fièvre. Beaucoup de personnes moururent. En une journée il pouvait y avoir jusqu'à 4 crémations voir plus.
Sans docteur et avec les temples et lieux sacrés fermés à donner toute aide les villageois pensèrent que faire du bruit serait la seule façon de chasser la peste.
Ils toquaient sur leur lit avant d'aller dormir pour contenir leur peur d'être malade à leur tour, pensant qu'ainsi la maladie se tiendrait éloignée d'eux en ce mois de sasih kelima. Les villageois sortaient donc de leur maison et tapaient sur tout ce qui pouvait faire du bruit : bois, bambous, seaux etc.
Sija qui raconte cette histoire a perdu sa soeur ainée de cette peste racontant que la peau des personnes touchées par cette maladie devenait noire et que peu ont été épargnés.
Aucune cérémonie religieuse ou offrande ne réussit à stopper cette épidémie.
Tous les temples étaient vides, personne ne pouvait y entrer car tout le monde avait perdu au moins un membre de sa famille ( à savoir que quand il y a un décès dans la famille d'un Balinais hindou celui ci n'a pas le droit d'entrer dans un temple durant plusieurs jours car considéré comme impure ) et des cérémonies pour les morts il ne pouvait y avoir tant ils étaient nombreux.
Les temples étaient abandonnés des prêtres mais la communauté tentait toujours de créer une cacophonie de résistance contre les démons de la maladie. Un soir un homme fut possédé par le rythme non le rythme d'un gong mais d'une voix humaine : celle de la chanson kecak, sa voix profonde s'élevant telle une tempête.
Depuis ce moment là la maladie recula jusqu'à disparaitre totalement du village. Ce fut ainsi le début du kecak.
A partir de ce jour les villageois de Bona croient que le début de cette danse en dehors de l'enceinte du temple dans la nuit noire sauva le village de la catastrophe, Depuis à chaque anniversaire du temple du village 150 personnes dansent le kecak en croyant qu'avec cette danse ils peuvent guérir les gens. Les habitants de Bona n'avaient pas de danse de legong pour eux c'était juste le kecak.
Bona n'a cependant plus de dance kecak il y en a à Kuta, Ubud, Sanur, Uluwatu. Dans le passé les tours opérateurs amenaient les touristes à Bona pour y voir cette danse mais ils demandaient toujours de la bière, nourriture et de plus en plus de commission ce que le village refusa. Les tours opérateurs décidèrent alors d'amener leurs clients à d'autres endroits. Depuis la danse kecak a été fusionnée avec des motifs et mythes qui n'ont jamais été présents à l'origine. Pour les villageois de Bona cette danse leur donne ce sentiment de fierté car elle vient de ce village. La troupe de danseurs Kecak de Bona ne se présente désormais que lors d'occasions spéciales et toujours avec la version originale.
LA VERSION MODIFIÉE DU KECAK
La version du Kecak destinée à promouvoir les arts Balinais fut quant à elle créée par le danseur Balinais : Wayan limbak en collaboration avec son ami allemand : Walter Spies. Ils créèrent ensemble la version dramatique du kecak en adoptant une partie de l'histoire épique de Ramayana. Ils étaient tous les 2 désireux d'inventer une danse montrant leur amour pour la culture et les arts balinais.
Ils partirent ensemble faire une tournée mondiale pour présenter leur nouvelle version du kecak. Depuis les années 70 la danse kecak s'est modifiée certaines représentations mettant en scène une autre partie de l'histoire de Ramayana et parfois même des femmes comme chœur.
En 2006 Tabanan fit sensation avec son kecak spectaculaire à Tanahlot qui compta 5 000 danseurs, un record mondial.
La danse kecak est composée par un coeur d'a cappella d'hommes incluant un leader pour donner les tons, un en charge pour entonner les notes hautes et basses ainsi qu'un narrateur. Les hommes portent des sarongs à carreaux, torses nus et sont assis en cercle serré laissant un espace au centre pour laisser place aux personnages protagonistes.
Les personnages principaux étant : Rama, Sita, Ravana, Lakshmana, Hanuman et Sugriva. Le scénario commence généralement quand le prince Rama va dans la foret avec Sita, sa femme et Lakshmana, son frère. Là, Ravana enlève Sita et l'emprisonne dans son château. Rama recherche de l'aide et envoie Lakshmana pour trouver son ami, Sugriva, le roi du royaume des singes. Hanuman, le commandant de Sugriva, est envoyé pour voir Sita dans le palais de Ravana et Rama commence finalement la bataille.
D'abord, Ravana gagne, mais Sugriva et Hanuman viennent alors à l'aide de Rama avec des troupes de singes. Sugriva gagne finalement . Le chœur masculin chante 'chack', représentant le son des troupes de singes. Le son de bruit de ferraille des cloches autour des chevilles des protagonistes est le seul complément au chœur de cette danse impressionnante...
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de couverture d'article :Steffen Zimmermann de Pixabay
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Photo prise par : Brigitte & Domi
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