Mieux comprendre les temples balinais
- Par bali-reve
- Le 22/07/2020
- Dans Religion & croyances
Il est dit qu'à Bali il y a plus de temples que de maisons, cela peut paraitre incroyable à croire et pourtant quand on y fait plus attention on remarque qu'il y a des temples de partout. En considérant l'importance des temples à Bali comprendre leur symbolisme et architecture peut permettre de les voir sous un aspect différent. Les temples balinais sont complexes, on pourrait presque les considérer comme des organismes vivants qui ont besoin d'être "nourris" et pris soin sous forme de festivals et d'offrandes.
Tout d'abord sachez que en indonésien pura signifie temple et provient du mot sanskrit qui désigne littéralement "un espace entouré d'un mur". Vous verrez donc souvent des pancartes devant les temples avec écrit pura. Une chose que les temples ont en commun est qu'ils sont à ciel ouvert, afin que les dieux invités durant les cérémonies puissent descendre dans le temple pour la cérémonie/festival avant de retourner chez eux quand le moment est venu. Aussi il ne faut pas confondre un temple qui est enclos dans une enceinte des sanctuaires qu'on peut voir dans les rizières ou à côté d'arbres sacrés etc il s'agit là uniquement d'autels.
Les temples sont construits selon un axe montagne-mer et non pas nord-sud, la direction vers la montagne (kaja) étant la plus sacrée c'est donc cela qui constitue l'extrémité du temple tandis que son entrée est située du côté mer (kelod). Le kangin étant plus sacré que le kauh de nombreux autels secondaires se trouvent donc du côté du kangin.
Les temples balinais ont une forte association avec le chiffre 3. Chaque temple a aussi des espaces pour prier 3 déités hindous proéminentes : Brahma, Vishnu et Shiva. Et au sein du contexte du village balinais il y a le système des 3 temples, en effet chaque village possède le temple pura puseh, pura desa et pura dalem. Le pura puseh est dédié au dieu Vishnu et les fondateurs humains du village, il est donc le temple des origines et il est généralement situé en faisant face à la montagne la plus sacrée de Bali : le Mont Agung. Le pura desa est le temple des esprits locaux qui protègent le village et du dieu Brahma, ce temple est généralement situé au milieu du village. Quant au pura dalem il s'agit du temple des morts et il est en général dirigé en direction de la mer au bout du village, près du cimetière. Ce temple tend à être dédié à Shiva ou déités qui y sont liées : Kali, Durga ou même Rangga. Le thème de la mort n'est pas sombre puisque toutes ces forces destructrices sont considérées nécessaires pour dissoudre les impuretés etc. Il arrive parfois que malgré que le pura puseh et le pura desa soient combinés en un seul avec juste un mur les séparant.
Le pura puseh, pura desa et pura dalem sont le minimum que chaque village de bali doit avoir mais souvent il y en a beaucoup plus que cela par exemple le pura subak qui honore les esprits des cultures irriguées. Non seulement il y a des temples dans le village pour chaque dieu de la trinité hindoue mais ils sont aussi symbolisées dans chaque temple individuel. Cela peut être sous la forme de merus, dans ce cas là la plus haute tour meru représente généralement Shiva, mais cette trinité peut aussi être représentée par couleur, le rouge pour Brahma, le noir pour Vishnu, blanc pour Shiva.
Le chiffre 3 joue aussi un rôle important dans la disposition générale des temples à Bali. En effet ils sont en général composés de 3 cours mais on en trouve aussi avec 2 cours, le principe est à peu près le même que ceux de 3 cours. En tout cas il faut savoir qu'il peut y a des variations dans chaque temple il en existe une infinité de types et il n'y a pas deux temples identiques à Bali, il s'agit donc juste de vous donner une explication suscinte des éléments standards des temples.
Dès l'entrée du temple on passe par une porte qui semble avoir été fendue en deux il s'agit du candi bentar qui marque la transition du monde profane au monde sacré, en croyant que si un démon essaie de franchir les candi bentar leurs 2 morceaux se rejoindront et le démon sera alors écrasé. Aux temples ces portes sont généralement gardées par les statues des gardiens du temple. Le relief réalisé sur chaque partie de la porte est le miroir de la partie opposée de celle ci. Une fois franchie le candi bentar on accède à la cour extérieure (jaba pisan) qui est un lieu de rassemblement où des combats de coqs peuvent s'y dérouler. On y trouve aussi le bale kulkul qui est une tour spéciale pour le kulkul qui est utilisé pour appeler les villageois pour une réunion, annoncer des décès et durant certaines cérémonies quand les dieux descendent au dessus du temple le kulkul peut être frappé pour annoncer l'arrivée des dieux.
Après la cour extérieure il y a l'entrée à la seconde cour (jaba tengah) et on y entre par une porte appellée candi kurung qui ressemble au candi bentar sauf qu'elle a une paire de porte en bois au milieu. Cette cour est un lieu où tout est fait pour être prêt pour les dieux, on y prépare les offrandes, la nourritue, les performances de gamelan se passent aussi dans cette cour. Une fois cette porte passer il y a un muret : aling aling qui sert à ce que les mauvais esprits n'entrent pas car ils sont incapables de contourner les obstacles, on retrouve ce muret aussi à l'entrée des enclos familiaux. Puis pour entrer à la cour intérieure (jeroan) la plus sacrée on passe par une porte appelée kori agung ou encore paduraksa qui est une structure monumentale élevée du sol et à laquelle on accède par une série de marches. Au dessus de cette porte se trouve une sculpture de Boma fils de Shiva et de Pertiwi, mère terre. De chaque côté de ces marches il y a 2 raksasa guardiens dont le but est de faire peur aux démons. Cette cour intérieure contient tous les autels et sanctuaires qui sont construits selon le principe d'orientation balinaise, la relation des montagnes et de la mer, haut et bas, droit et gauche qui constituent la rose des vents Balinaise. Dans cette tour intérieure il y a aussi les tours merus qui sont des pagodes au nombre différent de toits de chaume. Ces tours symbolisent la montagne cosmique Mahameru et est le siège des hauts dieux hindouss. Différents meru peuvent être dédiés à plusieurs dieux ou à certains uniquement ou encore à des montagnes. Les toits de merus sont soit 3, 5, 7, 9, 11 niveaux car ces chiffres sont considérés sacrés à Bali. L'importance d'un temple à Bali peut ainsi être déterminé par la hauteur de son plus haut meru. Dans le jeroan on trouve aussi le padmasana qui est parmi le plus sacré des autels car il est dédié au dieu suprême da Sang Hyang Widhi Wasa mais il y a aussi 2 autels pour le mont Agung et le mont Batur ou Batukaru, des autels pour Ngurah Alit et Ngurah Gede les "secrétaires" des dieux qui veillent à ce que les bonnes offrandes sont faites et au bon déroulement de la cérémonie mais on a aussi la niche en pierre pour le Taksu l'interprète des dieux. Il y a aussi le Maospahit dédié aux dieux totémiques des colons hindous de Majapahit avec une petite sculpture de tête de cerf qui est un symbole de l'attachement spirituel des Balinais avec la terre de Java d'où viennent les fondations de l'hindouisme balinais. On y trouve notamment en plus de tout cela d'autres pavillons, un au milieu du temple le pepelik/paruman qui sert comme siège commun pour les dieux qui s'y réunissent pour observer le déroulement des cérémonies et le bale piasan qui est un pavillon ouvert qui sert pour déposer les offrandes.
En clair les cours sont considérées comme étant le reflet de l'univers, la cour la plus intérieure : le paradis, celle du milieu : l'intermédiaire celle des humains et la cour extérieure : l'enfer.
Quant au temple familial il consiste d'une petite cour murée avec plusieurs rangées de petits bâtiments au toit de chaume qui sont les autels principalement dédiés au dieu Suprême, à la déesse du riz Dewi Sri, au dieu de la richesse Sedana mais aussi et surtout aux ancêtres de la famille. On retrouve également le taksu dont on vous parlait plus haut qui pour rappel est l'interprète des dieux, le Maospahit pour les colons hindous de Majapahit, mais aussi l'autel guardien etc. Ils sont beaucoup plus petits que les autres temples que vous rencontrerez à Bali.
de couverture par Stéphane Papineau
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